25 juin 2008

Bertini, l'hybride

Gianni Bertini, né en 1922 à Pise, est un peintre de l'abstrait, mouvement qu'il a rejoint à la fin des années 40. Ses premières œuvres "I Gridi" ( les cris), propose un travail autour de lettres estampillées. En 1950, il s'oriente vers un emploi de la tache. L'année suivante, en exposant ses œuvres dites d'art "nucléaire" à la Galeria Numero de Florence, il participe à une des premières manifestations d'art informel en Italie. Les années 50 sont marquées par sa collaboration au groupe "espaces imaginaires" proposé par Pierre Restany et par de nombreux voyages dans les grandes villes européennes où il enchaine les expositions personnelles. Il part ensuite pour les États-Unis et collabore avec la Gres Gallery de Chicago. En 1961, la Suède organise un rétrospective de son œuvre qui sera reprise au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Pour l'occasion, le critique René de Solier compose un texte hommage à l'artiste dont il qualifie l'œuvre faites de formes, signes et choses de "nouvel hybride" :
"L'aventure de Gianni Bertini est évidente, et sans concession, depuis une règle d'or, ou de métier : ne pas se laisser emprisonner dans une formule. Ne plus dépendre, et l'indépendance est là, de la seule peinture post-abstraite."

Au début des années 60, Bertini se rapproche du Nouveau Réalisme puis en 1965 signe le premier manifeste du Mec'art. En 1984 une rétrospective lui est consacrée au Centre National des Arts Plastiques de Paris. En 1991, il réalise un cycle d' œuvres sur la guerre du Golfe intitulé : " Pour ne pas oublier " et en 1992 un nouveau cycle sur Antonin Artaud.

Actuellement la librairie Lolié propose :
  • Bertini (G.) - Krea (H.). Round about Midnight. Alès, P.A.B., 1961, petit in-8 carré, broché. Édition originale ornée d’une gravure originale de Bertini. Tirage limité à 50 exemplaires, justifiés et signés par PAB et Bertini.
  • [Bertini (G.)] – Solier (René de). Bertini. Paris, s.é., 1963, in-12 oblong, broché. Fac-simile du manuscrit de l'auteur enluminé de compositions de l'artiste publiée pour l’exposition de Bertini à Bruxelles Au Palais des Beaux-Arts le 18 mai 1963.

18 juin 2008

Les histoires d'O : Réage/Crepax

Histoire d'O, écrit sous le pseudonyme de Pauline Réage, parait en 1954 grâce à la volonté de Jean-Jacques Pauvert qui achète les droits de ce sulfureux roman dans lequel une femme devient esclave sexuelle de son plein gré. Pauvert confie la rédaction de la préface à Jean Paulhan, premier destinataire du récit, et limite la parution à 600 exemplaires. Les vingt premiers exemplaires sur Arches comporte une gravure originale de Hans Bellmer, surréaliste dont les travaux sur l'érotisme, l'animé et l'inanimé résonnent avec la thématique de cette "destruction dans la joie" pour reprendre les paroles mêmes de Pauline Réage.

En 1975, Guido Crepax s'attaque au roman devenu culte et adapte l'intégralité du texte en bande dessinée. L'ouvrage, paru à 900 exemplaires, comporte une double préface : par Roland Barthes et par Alain Robbe-Grillet qui souligne ainsi les subtilités des deux versions :
"Alors que Pauline Réage avait pris soin de rapprocher de nous son héroïne par d'à peine perceptibles signes d'usure ou menues défaillances physiques (tous ces détails "humains" bien connus qui séparent le marbre grec de son modèle) voilà qu'ici les seins sont un peu trop lourds, ou les traits qu'une légère fatigue déjà rendait plus émouvants, se trouvent soudain remplacés par les fermes lignes noires dépourvues de la moindre bavure, du moindre tremblement, qui délimitent des surfaces de chair à la perfection abstraite, sans passé, sans lassitude possible, dure et lisse pour l'éternité."

Actuellement, la librairie propose :
  • Réage (Pauline). Histoire d’O. Avec une préface de Jean Paulhan. Paris, Sceaux, J.J. Pauvert, 1954, in-12, broché. Édition originale tirée à 600 exemplaires. Exemplaire sur vergé comportant la rare gravure de Hans Bellmer théoriquement réservée au 20 premiers exemplaires sur Arches.
  • Crepax (Guido) – Réage (Pauline). L’Histoire d’O de Guido Crepax. Introduction de Roland Barthes et Alain Robbe-Grillet. Genève/Milan, Taousinc et Franco Maria Ricci, 1975, in-folio, pleine soie noire orne d’un O doré sur le premier plat. Premier tirage illustré limité à 900 exemplaires sur vergé des moulins Miliani de Fabriano, numérotés et signés par Guido Crepax.

10 juin 2008

Diderot, le neveu de Rameau

"Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habitude d’aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C’est moi qu’on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entretiens avec moi-même de politique, d’amour, de goût ou de philosophie. J’abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l’allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’oeil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune. Mes pensées, ce sont mes catins."

Sur ce paragraphe, s'ouvre Le Neveau de Rameau (texte dans son intégralité ici) dans lequel Diderot entretient une conversation philosophique entre deux figures allégoriques de lui-même : Lui - ce neveu qui a une vision matérialiste de la vie, et Moi - Diderot, le philosophe qui veut aider l'humanité. La construction peu conventionnelle du texte, la dimension satirique - Diderot égratigne quelques noms de l'époque - font que le manuscrit ne parait pas en France. C'est Goethe qui fait publier le livre en 1805 en Allemagne. La première édition française date de 1821 et parait dans un ensemble de 22 volumes qualifié de première édition collective qui, outre Le Neveu de Rameau, présente également le Voyage de Hollande en originale. En 1891, Georges Monval, bibliothécaire à la Comédie-Française, retrouve le manuscrit autographe de Diderot parmi d'autres papiers de la famille d'Angélique de Vandeul, la fille du philosophe. C'est le texte de ce manuscrit qui est repris dans les éditions récentes et notamment dans celle de 1924, illustrée par Naudin dont est reproduit ci-dessus un dessin.
(Source : wikipedia.fr)

Actuellement, la Librairie Loliée propose :
  • Diderot (Denis). Œuvres. Paris, Chez J.L. Brière, 1821, 22 volumes in-8, plein veau bleu glacé, larges dentelles dorées encadrant les plats ornés d'un motif à froid central, dos lisses ornés de motifs dorés et à froid, tranches marbrées (Rel. P. Gaudreau). Ex-Libris d'Henry William Shaw. Première édition collective.
  • Naudin (Bernard) – Diderot (Denis). Le Neveu de Rameau. D’après le manuscrit original publié par Georges Monval. Préface de M. Louis Barthou. Illustrations de Bernard Naudin. Paris, Auguste Blaizot, 1924, fort in-4, en feuilles, broché. Exemplaire sur vélin de Rives.

03 juin 2008

L'urbanisme radieux de Le Corbusier

Monographie du Pavillon des Temps Nouveaux pensé par Le Corbusier pour l'exposition Internationale "Art et Technique" de 1937, Des Canons, des munitions ? Merci ! Des logis … S.V.P décline les théories de l'architecte qui allient réflexion sociale, architecturale et réalisation pratique. Le Corbusier pose un regard éminemment visionnaire sur la situation parisienne, envisage également un modèle de village coopératif. Il dégage les quatre fonctions de l'urbanisme (habiter - recréer - travailler - transporter) et souligne que l'urbanisme moderne ne peut plus opérer sans le binôme logis et loisirs.

Voici ce qu'il disait (déjà) à propos de la misère de Paris :
"Les taudis
...le manque d'air et de soleil, agent de dégénérescence.
...les puits à tuberculose.
...Une preuve.
Les taudis de luxe :
...Où l'on s'étiole aussi... les mêmes cours, les mêmes vis-à-vis, mais les habitants peuvent récupérer par de longues vacances.
...33 km d'H.B.M. n'ont fait que perpétuer les formules anciennes.
...Dans le chaos, dans le bruit, l'air vicié, la fébrilité, cinq millions d'êtres s'épuisent."

Actuellement, la Librairie Loliée proposent :
  • Le Corbusier. Des Canons, des munitions ? Merci ! Des logis … S.V.P. Boulogne sur Seine, Éditions de l’Architecture d’Aujourd’hui, 1938, in-4 oblong, demi toile beige, plats cartonnés imprimés en couleurs. Édition originale.
  • Le Corbusier. Le poème électronique. Paris, Editions de Minuit, "les Cahiers Forces Vives", 1958, cartonnage illustré d'éditeur. Edition originale.