21 décembre 2011

Gens de Dublin de James Joyce

Gens de Dublin, qui constitue une excellente introduction à l'œuvre de James Joyce, est, par lui-même, un des livres les plus importants de la littérature d'imagination en langue anglaise publiés depuis 1900.
C'est ainsi que Valery Larbaud conclue la préface qui ouvre l'édition originale française de Gens de Dublin, recueils de quinze nouvelles publié en 1914 (pour l'édition originale anglaise). James Joyce y dresse les portraits de gens qui ont en commun de vivre dans la capitale irlandaise, où l'auteur est d'ailleurs né. Nous sommes bien loin du folklore. A la manière d'un clinicien, James Joyce décrit le quotidien de ses personnages, aborde des thématiques variées (la famille, l'alcoolisme, la politique, la religion). La plus connue de ces nouvelles est sans doute "The Dead" (Le mort) immortalisée en 1987 par le film de John Huston. Nous sommes en 1904, le 6 janvier. Comme tous les ans, les sœurs Kate et Julia Morkan et leur nièce Mary reçoivent leurs proches et amis pour célébrer l’Épiphanie. Parmi eux se trouvent Gabriel Conroy, le neveu des sœurs Morkan, et sa femme Gretta. Au gré de poèmes gaëliques, de chants, de danses et de plats qui se succèdent, les convives entretiennent des conversations de salon et commencent à évoquer les chers disparus, célèbres ou inconnus.

Extrait :


Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • JOYCE (James). Gens de Dublin. Traduit de l'anglais par Yva Fernandez, Hélène du Pasquier, Jacques-Paul Reynaud. Préface de Valery Larbaud. Paris, Plon, collection d'auteurs étrangers, 1926, in-12, broché, emboîtage. Édition originale de la traduction française.

14 décembre 2011

Jacques Prévert, l'antifasciste

La Crosse en l'air, réquisitoire contre la collusion de l'Église et de l'idéologie fasciste, fait parti du célèbre recueil Paroles (1946). Mais l'édition originale de ce "feuilleton" date de 1936 aux éditions Soutes. C'est l'époque du Front Populaire, de la guerre civile espagnole. Jacques Prévert, depuis 1932, fait parti du Groupe Octobre, troupe théâtrale, pour lequel il écrit des pièces et des chœurs parlés. S'il ne s'est pas inscrit au Parti Communiste, il s'engage dans la lutte révolutionnaire. La Crosse en l'air, dont le titre reprend une vers de l'Internationale, dresse une suite virulente de portraits drolatiques, présentant des figures parisiennes puis romaines au cours d'une pérégrination cocasse d'un veilleur de nuit qui s'en va dire au Pape ce qu'il a sur le cœur.
Ci-après le célèbre texte récité par Serge Reggiani, qui appartint lui aussi au Groupe Octobre.


Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • PREVERT (Jacques). La Crosse en l’air. Feuilleton. Paris, Éditions Soutes, 1936, plaquette in-12, brochée. Rare édition originale.

02 décembre 2011

Catalogue : une sélection N.R.F. / Gallimard

Pour saluer les éditions Gallimard, qui fêtent cette année leurs 100 ans, et plus particulièrement la collection N.R.F., la librairie vous propose un choix d'ouvrages publiés dans le format in-4 tellière, format particulier à la maison au début du siècle dernier. 

27 octobre 2011

Facile : renconte d'exception entre Paul Eluard et Man Ray

Facile est de ces ouvrages qui marquent leur temps et  traversent les décennies. Fruit de la collaboration de Paul Éluard et de Man Ray, sous l'égide de l'éditeur surréaliste Guy-Lévis Mano, l'ouvrage donne à voir 12 poèmes accompagnés de douze photographies héliogravées centrés sur la figure de Nusch Éluard, inspiratrice et épouse du poète. La résonance harmonieuse qui ressort de ces feuilles construit un érotisme qui n'a rien perdu de son enchantement poétique et visuel.



 Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • [MAN RAY] - ÉLUARD (Paul). Facile. Paris, G.L.M., 1935. Petit in-4 en feuilles, sous couverture illustrée de l'éditeur. Édition originale de ces douze poèmes de Paul Éluard illustrés dans le texte de douze photographies héliogravées de Man Ray du corps de Nusch Éluard. Tiré à 1 225 exemplaires, celui-ci un des 1 200 sur vélin.

21 octobre 2011

Catherine Pozzi : la pureté de la poésie classique

C'est en 1987, avec la publication de son journal, que l'œuvre et le caractère de Catherine Pozzi (1882-1934) sont redécouverts. Issue d'un milieu aristocratique et bourgeois, la jeune femme, brillante, croise dans la demeure familiale José-Maria de Heredia, Paul Bourget. Formée par des précepteurs, elle complète son éducation en passant un an à Oxford. A 25 ans, elle épouse l'auteur dramatique à  succès  Edouard Bourdet et, de cette union consensuelle, naît un fils, Claude. Un an après la naissance, la jeune mère connaît les premiers symptômes de la tuberculose. Catherine Pozzi reprend ses études et obtient le baccalauréat à l'âge de 37 ans. En 1920, elle entame une relation avec Paul Valéry, qui durera 8 ans. L'importante correspondance  entre les deux amants, publiée par Gallimard en 2006, montre la dimension tumultueuse  la relation mais aussi l'influence que l'auteur avait sur ​​le travail de Catherine Pozzi. La poétesse meurt à Paris en 1934, minée par la maladie et les drogues.

Parmi ses publications, essentiellement posthumes,on peut relever, outre son journal, ses correspondances avec Jean Paulhan et Rainer Maria Rilke. Si son oeuvre est le reflet d'une époque et de ses compétences, sa poésie, bien que fulgurante, est marquée par un classicisme et une pureté dignes  des plus grands. Le recueil  Poèmes, publié en 1935, donn à lire six pièces dont le dernier "Nyx" ("nuit" en grec) fut composé d'un seul trait, un mois avant la mort de la poétesse :
Ô vous mes nuits, ô noires attendues
Ô pays fier, ô secrets obstinés
Ô longs regards, ô foudroyantes nues
Ô vol permis outre les cieux fermés.

Ô grand désir, ô surprise épandue
Ô beau parcours de l’esprit enchanté
Ô pire mal, ô grâce descendue
Ô porte ouverte où nul n’avait passé

Je ne sais pas pourquoi je meurs et noie
Avant d’entrer à l’éternel séjour.
Je ne sais pas de qui je suis la proie.
Je ne sais pas de qui je suis l’amour.
Actuellement, la librairie Loliée propose  :
  • POZZI (Catherine). Poèmes. Paris, Mesures, s.d. [1935], plaquette in-8. Edition originale posthume.  Tirage limité à 410 exemplaire, celui-ci un des 10 sur Hollande. 

14 octobre 2011

A la découverte de Baudouin Luquet

Baudouin Luquet, né en 1939, à Amiens où il entame des études aux Beaux-Arts, poursuit ses études à Paris, à L’École Nationale des Arts Décoratifs. Il y suit les cours de Marcel Gromaire et en sort diplômé en 1961. Il peint alors essentiellement des paysages. Il complète sa formation en passant une année à l’École des Beaux-Arts de Cracovie. A son retour, il réalise "les carnets noirs" où il dessine alternativement des figures humaines, des cercles, des arbres et des compositions à la manière de celle d'Alberto Magnelli. Il tente de s'éloigner de la figuration et, au long des années 60, ses expériences le conduisent à peindre des paysages où champ coloré et figures géométriques tendent à représenter un "état" de nature. 

Baudouin Luquet élimine toute allusion au réel pour s’installer dans l'abstraction. Il réalise, dès 1975, les séries : Hommage à Mallarmé, Échantillons, Instants, et dans les années 80, Suspens. Ces "assemblages"sont éxécutés à partir de dessins préparatoires sur papier ou qui peuvent être tracés directement sur les murs de l'atelier afin de pré-figurer la pensée.


Baudouin Luquet réalise également des photomontages qui associent clichés et dessins. L'image (prises de vues éxécutées au cours de ses voyages en Italie, Tunisie, Espagne) est répétée et assemblée différemment de son motif. L'identité propre du cliché se perd pour devenir un élément structurel de l'ensemble. Ces photomontages évoquent la dynamique des "photos plastiques" de Moholy-Nagy.
En parralèle à ses activités, il a enseigné de 1975 à 2002 à l'Ecole d'Architecture de Lille. 



Actuellement et jusqu'au 24 octobre, la librairie Loliée propose, dans ses vitrines, une exposition de tract caviardés, exécutés dans les années 60 et de dessins "plis" (années 70) qui présentent le travail de l'artiste, fondé sur le détournement de support et la construction linéaire et géométrique. 

29 septembre 2011

John Lennon et Yoko Ono : He Stands In The Desert Counting the Seconds of His Life


Ce photogramme est extrait du Film de Jonas Mekas He Stands in a Desert Counting the Seconds of His Life (1965/1986) présenté en 1986 au festival du film de Berlin. Le film expérimental est composé de 100 tableaux qui ne durent pas plus de 2 minutes. Le couple John Lennon et Yoko Ono prient devant l'objectif d'un polaroïd. Le cliché fut envoyé à l'artiste et galleriste Georges Maciunas, d'origine lituanienne tout comme Mekas, pour le supplier de venir à leur party. A l'époque Maciunas, principal fondateur du mouvement Fluxus,  collabore avec l'ex-Beatles et sa compagne.

Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • [FLUXUS] Lennon (John) et Ono(Yoko). Photogramme original du film He Stands in a Desert Counting the Seconds of His Life de Jonas Mekas. Tirage des années 80, 20 x 25.5 cm. Étiquette descriptive au dos.

14 septembre 2011

Alberto Moravia, pourvoyeur de fables

Alberto Moravia  (1907-1990) est une figure emblématique de la littérature moderne qui aura marqué les années 50 et 60. Atteint de tuberculose, il n'aura jamais fini ses études. Peut-être est-ce ce qui explique sa soif de savoir. Il aura appréhendé les grands courants (surréalisme, existentialisme, psychanalyse) et dépoussiéré la littérature, faisant parfois scandale, pour aborder trois grandes thématiques : le fascisme, la bourgeoisie et les rapports hommes/femmes. Son œuvre trouve une résonance toute particulière auprès des cinéastes qui relaient la richesse de son regard sur la société : La Ciociara (1960) de De Sica, Le Mépris (1963) de Godard ou encore Le Conformiste (1970) de Bertolucci.


Paru en Italie en 1941, Le Quadrille des masques (La Mascherata), est une farce dans laquelle Moravia, mêlant amour d’opérettes et dictature, critique le fascisme mussolinien (voir le résumé Gallimard ci-après) :
Le général Téréso détestait la duchesse Gorina, en qui il voyait s'incarner tout l'orgueil, l'ignorance, la corruption et la vanité de l'ancienne noblesse du pays. Invité par Gorina à une réception, il fit sa réponse habituelle : à son grand regret, les affaires de l'État lui interdisaient de s'offrir des distractions dans le genre de celle qu'on lui proposait.
La duchesse, impassible et hautaine, laissa tomber distraitement que ce refus désolerait certainement la marquise Fausta Sanchez, qui espérait le rencontrer à cette fête.
Téréso qui depuis des mois poursuivait en vain Fausta sentit, à ce nom, son cœur, malgré son âge et son expérience battre à coups juvéniles dans sa poitrine.
"J'ai compris", pensa Téréso, "le prix de Fausta, c'est d'abord ma participation à la fête".
Plus l'intrigue avance et plus le quadrille glisse vers la danse macabre. La satire est sans fard et le livre fut censuré. Il faudra attendre 1950 pour que l'ouvrage paraisse en France.

Plus tardif (1967 pour l'Italie et 1968 pour la France), Une Chose est une chose (Una Cosa e une cosa) est un recueil de nouvelles dans lequel s'exprime la dimension caricaturale de Moravia, parfois jusqu'au surréalisme. Ainsi dans "La Loi des Lois", le protagoniste, Ettore, a l'impression qu'une bombe a explosé dans sa tête. Si aucun changement extérieur ne se manifeste, lui ne peut plus faire quoi que ce soit à moins de trouver une loi, ou une règle, ou une norme lui indiquant la façon dont il doit se comporter.

Dans une de ses dernières entrevues, donnée au Magazine Littéraire en Novembre 1990, Moravia rappelle avec simplicité : "Mon but est d'écrire une fable et, en approfondissant cette fable, j'entre en contact avec la culture de l'époque".

Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • Moravia (Alberto). Le Quadrille des masques (La Mascherata). Traduit de l’italien par Armand Pierhal et Viviana Paques. Roman.  Paris, Gallimard "Du monde entier", 1950, in-12, broché. Édition originale de la traduction. Un des 250 exemplaires sur vélin pur fil Lafuma, seul tirage en grand papier.
  • Moravia (Alberto). Une Chose est une chose. Nouvelles.  Traduit de l’italien parSimone de Vergennes. Roman.  Paris, Flammarion "Lettres Etragnères", 1968, in-8, broché. Édition originale de la traduction. Un des 30 exemplaires sur vélin Alfa, seul tirage en grand papier.

01 septembre 2011

Chantiers : la revue carcassonnaise de Joë Bousquet

C'est dans la pénombre de sa chambre où il vit cloîtré que Joë Bousquet (1897-1950) lance la revue Chantiers en 1928. A l'initative de cette publication régionale, deux amis de toujours : le poète d'expression classique François-Paul Alibert  et le philosophe Claude Estève qui enseigne au lycée de la ville. Collaborent à la revue les amis de Carcassonne Ferdinand Alquié, Henri Féraud, Maurice Nogué et bien sûr René Nelli qui en est le directeur ; mais aussi ceux de la capitale Paul Eluard , Michel Leiris.

Si la filiation avec le surréalisme marque l'esprit initial de la revue, les influences se multiplient au contact d'autres parutions comme Les Cahiers de l’Etoile de Carlo Suarès, Le Grand Jeu de René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte et évidemment les Cahiers du Sud de Jean Ballard et André Gaillard.

En 9 numéros et presque deux années, Chantiers proposera une variétés de styles, mixant les différents courants de l'époque. 

Actuellement, la librairie loliée propose : 
  • [REVUE] Chantiers. N°1 à 9, janvier 1928 – juillet 1930. Carcassonne, [dépôt général : Paris, Gallimard], 9 numéros reliés en un fort volume in-4, demi-maroquin noir, dos lisse, non rogné, couvertures pour 5 numéros (A. Lobstein). Ensemble complet des 9 numéros dont 4 en fac-similé de cette rare revue dirigée par René Nelli et Joë Bousquet.

03 août 2011

Fermeture annuelle 2011

Chers lecteurs,
La librairie sera fermée du 04 au 29 août.

27 juillet 2011

L'homme approximatif de Tristan Tzara

Publié en 1931, L'Homme Approximatif est un texte charnière de l'oeuvre de Tristan Tzara. Ecrit entre 1925 et 1930, ce poème se trouve à la croisée de la période révolutionnaire dadaïste et de l'essor surréaliste. On retrouve dans cet écrit, sans ponctuation ni majuscule, le combat de l'auteur : une volonté de réappropriation du langage pour mieux combattre une civilisation qui restreint l'homme, l'empêche de dépasser ses propres limites. Cet homme qu'il décrit est approximatif en ce sens qu'il est jeté au hasard dans le monde, inaccessible à lui-même comme aux autres, incertain du sens de sa vie et néanmoins passionné. L'ambition du poète est d'imaginer un nouvel homme qui laisse l'intuition et la spontanéité le guider dans la vie.
je parle de qui parle qui parle je suis seul
je ne suis qu'un petit bruit j'ai plusieurs bruit en moi
un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide
aux pieds des hommes pressés courant avec leur morts autour de la mort qui étend ses bras
sur le cadran de l'heure seule vivante au soleil
Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • Tzara (Tristan). L'Homme approximatif. Paris, Editions Fourcade, 1931, in-8, Bradel, demi-maroquin lavallière, plats de papier marbé marron, couverture et conservée. Édition originale. Tirage limité à 510 exemplaires, celui-ci un des 500 sur vélin bibliophile.

07 juillet 2011

Jules Supervielle : la force tranquille

Jules Supervielle (1884-1960), élevé en France et en Uruguay, est un homme de l'entre-deux mondes, tant dans sa vie que dans son oeuvre. Contemporain des Surréalistes, il n'adhère pas au mouvement, rejetant la trop grande place de l'inconscient accordé à l'écriture. Sa poésie se veut humaniste, dans un style simple et transparent, et mêle le quotidien au merveilleux. L'enfance, la mort sont des thèmes récurrents de son oeuvre (il perdra ses parents dans un tragique accident alors qu'il n'a pas un an). Ses premiers écrits portent l'influence d'un Larbaud ou d'un Laforgue. Il développe un lyrisme tranquille qui aborde les grands mystères de l'univers avec modestie. Poésie, récits, théâtre : son oeuvre rompt avec les modèles classiques tout en maintenant une volonté de justesse et de délicatesse dans le verbe. 

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Les poèmes de l'humour triste. Ornés de dessins inédits par Messieurs André FAvory, André Lhote et Dunoyer de Segonzac. Paris, la Belle Edition, 1919, grand in-8, broché. Edition originale ornée d'illustrations orginales hors-texte, Tirage à 315 exemplaires, celui-ci sur vergé d'Arches.
  • Le Survivant. Paris, Gallimard, 1928, in-4 tellière,broché. Edition originale. Un des 110 exemplaires réimposés au format in-quatro tellière. 
  • Boire à la source. Confidences de la mémoire et du paysage. Paris, Editions Corréâ, 1933, in-12, broché. Edition originale. 
  • L'Arche de Noé. Paris, Gallimard, 1938. Exemplaire du Service de Presse enrichi d'un envoi de l'auteur à l'écrivain Yves Gandon.
  • Oublieuse Mémoire. Paris, Gallimard, collection "Métamorphoses", 1949, in-12, broché. Edition originale. Mention fictive d'édition. 
  • Shéhérazade. Comédie en trois actes. Paris, Gallimard, 1949, in-12, broché. Editin originale. Un des 8 premiers exemplaires sur Hollande. 
  • Premiers Pas de l'Univers. Contes. Paris, Gallimard, 1950, in-12, broché. Edition originale. Un des 15 premiers exemplaires sur Hollande. 
  • Le Voleur d'enfants. Comédie en trois actes et un épilogue. Paris, Gallimard, 1949, in-12, broché. Edition originale. un des 8 premiers exemplaires sur Hollande.  

01 juillet 2011

Sensorialité excentrique : dernier ouvrage du dadaïste Raoul Hausmann

Parmi les fondateurs du mouvement Dada de Berlin, Raoul Hausmann (1886-1971), originaire de Vienne, est un des signataires du premier manifeste. Son art, qualifié de dégénéré par l'Allemagne nazie qu'il fuiera pour s'installer en France, est d'abord expérimental. Hausmann construit une poésie constituée de sons et d'onomatopés, qu'il théorise dans le texte "Optophonétique" (paru dans la revue "MA" en 1922). Il est un des premiers à pratiquer l'art du collage, mêlant textes, fragments prélevés dans la presse, dessins et photographies. Installé à Limoges en 1944, Hausmann y restera jsuqu'à la fin des ses jours. 
Paru en 1970, Sensorialité excentrique est le dernier livre publié par Hausmann de son vivant. L'ouvrage présente deux textes majeurs : la reprise d'"Optophonétique" et donc "Sensorialité excentrique" : essai dans lequel le dadaïste porte un regard des plus pessimistes sur la civilisation moderne. Il s'en prend à l'homosapiens qui a inventé la dictature capitaliste et restreint nos connaissances à un niveau purement matérialiste. Violente critique du progrès, cet essai utopique espère l'avènement d'un homme nouveau muni d’une “sensorialité excentrique”, d’une énergie mentale transcendant les limites du corps et de l’esprit. 
L'ouvrage est illustré par Jefim Golyscheff (1897-1970), peintre et compositeur ukrainien installé à Berlin en 1909. Ami de Raoul Hausmann dès le tout début du Dadaïsme, il prendra ses distances avec le mouvement en 1922 pour se rapprocher du Bauhaus. Forcé lui aussi de fuir l'Allemagne nazie, il s'installe en Espagne puis au Brézil. Il revient en France dans les années 60.


Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • [GOLYSCHEFF (Jefim)] – HAUSMANN (Raoul). Sensorialité excentrique 1968.69 précédée de  Optophonétique 1922. Cambridge, Blackmoor Head Press, collection « OU » 1970, in-4 en feuilles, chemise cartonnée illustrée rouge, emboîtage noir orné sur le premier plat d'un collage formé  du portrait photographique de l'auteur de son nom et du numéro de l'exemplaire. Édition en partie originale. Texte bilingue. Version anglaise traduite par Jean Chopin. Tirage à 440 exemplaires, celui-ci un des 40 premiers sur papier « Hayle » signés par l'auteur et contenant 2 sérigraphies originales numérotées et signées par Jefim Golyscheff.

23 juin 2011

La polémique Sexus, livre premier de la célèbre trilogie d'Henry Miller

"La Crucifixion en Rose" est la seconde trilogie de Henry Miller (1891-1980), écrivain controversé devenu un symbole de la Beat Generation. Miller aura mis plus de dix ans à terminer cet ensemble débuté en 1949 avec Sexus qui livre les détails de son divorce avec sa première femme jusqu'à son second mariage avec June Miller. Le récit se passe à New York. L'ouvrage fourmille de portraits, de réminiscences et offre un éclairage sur l'ambition de Miller à vouloir devenir écrivain. Comme à son habitude, Miller s'appuie sur des passages érotiques pour asseoir ses réflexions. La publication française est des plus mouvementées. L'éditeur, Maurice Girodias, responsable des publications d'Olympia  - Press maison fondée par son père qui avait déjà pris le risque d'éditer en 1934 Tropique du Cancer, crée la maison  des Editions de  La Terre de Feu dans le seul but de faire paraître la traduction de Sexus. Le roman subit la censure et tombe sous le coup de la loi de 1881 étendue en 1945 aux oeuvres etrangères "cataloguées libertines". Girodias se voit menacer de prison. L'édition originale de la traduction française, éditée à 5000 exemplaires, est censurée de ses passages jugés pornographiques. Seuls les 200 hors-commerces et les 300 exemplaires réservés au service de presse ne sont pas expurgés. 

Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • MILLER (Henry). La Crucifixion en Rose. Sexus. Livre Premier. Traduit de l'anglais par Jean-Claude Lefaure. PAris, Editions de la Terre de Feu, 1949, 2 volumes, in-12, brochés. Edition originale de la traduction française. Un des 300 exemplaires S.P. non expurgés.

09 juin 2011

Erotoscope : 3 mannequins, 26568 combinaisons possibles!

En 1970, paraît chez Marie Concorde Editeur, un sympathique livre à système : Erotoscope. L'ouvrage, pensé par Raymond Abiegeo et Jean Peretz (ce dernier est aussi connu pour sa participation à un autre curiosa photographique, Mademoiselle 1+1 qui relate la journée d'une nymphette dans une Camargue de western), propose d'habiller et de déshabiller, au gré de sa fantaisie, trois mannequins. L'ouvrage est des plus rafraîchissants et nous plonge dans la mode de l'époque : robes métalliques à la Paco Rabanne, ceinturons noir tombant sur les hanches, chaussettes montantes. Un livre, littéralement, à effeuiller.


Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • [CURIOSA] ABIGEO (Raymond) -  PERETZ (Jean-Claude). Erotoscope. Paris, Marie Concorde Editeur, 1970, in-4, reliure spirale sous couverture illustrée à rabat. Édition originale.

01 juin 2011

Suzanne Roger : figure méconnue de l'art contemporain

Mariée à André Beaudin, Suzanne Roger (1896-1986) reste aujourd'hui encore trop dans l'ombre de ses contemporains. Son parcours mérite pourtant qu'ons 'arrête sur son oeuvre. Formée à l'Académie Ranson, par Maurice Denis et Paul Sérusier, elle fait sa première exposition à la galerie Kahnweiler. Elle rencontre le collectionneur et marchand allemand via Juan Gris et Max Jacob et devient, avec son mari, une habituée des Dimanches de Boulogne qui réunissent les peintres et poètes qu'Henri Kahnweiler fréquente et soutient. Le climat fraternel et littéraire de ses réunions se retrouvent dans le travail de la peintre dont la quête picturale est liée au mouvement littéraire de l'époque. Son style s'appuie sur des lignes épurées que viennent emplir et déstructurer des aplats de couleur. En 1961, paraît à la Galerie Louise Leiris (anciennement celle de son beau-père Kahnweiler), le recueil S.O.S. du peintre haïtien Roland Dorcely. Les 5 gravures sur cuivre de Suzanne Roger qui illustrent l'ouvrage donnent un aperçu de son talent.

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • [Roger (Suzanne)] - Dorcely (Roland). S.O.S. Paris, Galerie Louise Leiris, 1961, in-4, en feuilles, couverture illustrée, emboîtage d'éditeur. Édition originale  ornée de 5 gravures sur cuivre, dont 2 en couleurs, par Suzanne Roger. Tirage limité à 112 exemplaires, celui-ci un des 90 sur Rives signés par l'auteur et l'artiste. 

27 mai 2011

Le Voeu d'une morte : oeuvre de jeunesse d'Emile Zola

Zola en 1865
C'est en 1899 qu'Emile Zola accepte de faire rééditer par son éditeur Charpentier une oeuvre de jeunesse, Le Voeu d'une morte. Paru en feuilleton dans le Figaro de Villemessant en septembre 1866, ce roman est imprimé pour la première fois chez Achille Faure la même année. L'intrigue avance sur un quiproquo : Daniel Raimbault, reçoit de sa bienfaitrice Blanche de Rionne, agonisante, la mission de veiller sur la fille de cette dernière, Jeanne. Celle-ci devenue adulte, mariée puis veuve, reçoit des lettres anonymes passionnées envoyés secrètement par Daniel. Jeanne les croit de leur ami commun Georges (texte dans son intégralité ici). Le succès n'est pas au rendez-vous. Il faut dire qu'il s'agit d'une oeuvre de commande à laquelle l'auteur se plia à des fins alimentaires.  Il écrit en 1889 au sujet de la réédition chez Charpentier :
Je me décide à la rendre au public, non pour son mérite, certes, mais pour la comparaison intéressante que les curieux de littérature pourront être tentés de faire un jour, entre ces premières pages et celles que j'ai écrites plus tard.
Au roman, Zola adjoint un appendice de quatre nouvelles, les Esquisses parisiennes dont l'amusante "les Repoussoirs" qui relate les aventures de l'entrepreneur Durandeau dont l’entreprise consiste à faire commerce de la laideur. Ainsi, il offre, le temps d'une promenade, les services de repoussoirs qui, par contraste, rehausse le le physique du client ou de la cliente (texte intégral ici).

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Le Vœu d’une morte. Paris, Achille Faure, 1866, in-12, Bradel demi-percaline à coins rouge, dos lisse orné d’un fleuron doré et date en queue de dos, pièce de titre de maroquin havane, couverture et dos conservés (Champs). Edition originale dont il n'a pas été tiré de grand papier [Carteret, II, 490]
  •  Le Vœu d’une morte. Paris, Charpentier, 1889, in-12 à grandes marges, plein vélin crème à rabats, dos lisse, pièce de titre de maroquin noir, couverture conservée (reliure de l’époque).Seconde édition. Un des 100 exemplaires sur Hollande, seul tirage en grand papier. Ex-libris : Alidor Delzant, exécuteur testamentaire des frères Goncourt.  

19 mai 2011

Claude Cahun : l'écart et la métamorphose

Claude Cahun, née Lucie Schowb (1894-1954) est une artiste et photographe à la démarche singulière. Proche du mouvement surréaliste, elle a réalisé de nombreux photomontages mais est moins connue pour ses autoportraits dans lesquels elle cultive une image du corps féminin androgynie. 

Intimiste, poétique et largement autobiographique, l'œuvre de Claude Cahun, qui s’étale sur une vaste période allant de 1910 à 1954 — peu avant sa mort —, échappe aux tentatives de classification ou de rapprochement. Ce sont sans doute ses autoportraits qui ont suscité le plus d’intérêt. L’artiste s’y sert de sa propre image pour démonter un à un les clichés associés à l’identité. Claude Cahun s’est réinventée à travers la photographie (comme à travers l’écriture), en posant pour l’objectif avec un sens aigu de la performance, habillée en femme, en homme, cheveux longs ou crâne rasé (chose des plus incongrues pour une femme de l’époque).

Longtemps méconnue, l'œuvre photographique de Claude Cahun s'est imposée ces dernières années comme l'une des plus originales et des plus fortes de la première moitié du XXe siècle. Elle marque rétrospectivement un jalon capital dans l'histoire du surréalisme tout en faisant écho à l'esthétique contemporaine.
- in dossier de presse de la rétrospective qui se tiendra au Jeu de Paume du 24  mai au 25 septembre 2011.

En 1992, François Leperlier publie un essai bibliographique intitulé "L'écart et la métamorphose". Les trois gravures héliographiques à l'aquatinte, qui accompagnent les 66 premiers exemplaires de cette édition originale, rendent toute l'ambiguité et la poésie de l'artiste : 




Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • Leperlier (François). Claude Cahun. L'Ecart et la métomorphose. Essai. Paris, Jean-Michel Place, 1992, in-8, couverture illustrée à rabats. Édition originale de cet essai sur la photographe Claude Cahun, de son vrai nom Lucy Schwob. Tirage limité à 2000 exemplaires, celui-ci un des 66 premiers comprenant 3 gravures héliographiques à l'aquatinte (3 autoportraits).

12 mai 2011

Quand Eugène Dabit fait le portrait de la fausse bourgeoisie

dessin à l'encre
Eugène Dabit (1898-1936) est surtout connu pour son roman Hôtel du Nord, paru en 1929 et immortalisé au cinéma en 1938 par Marcel Carné. Autodidacte, Dabit se lie d'amité avec les écrivains de l'époque,  Giono, Martin du Gard et Gide. Il partage avec Céline, rencontré en 1933, l'expérience de la misère, celle des tranchées de 14, celle de la banlieue. L'oeuvre de cet écrivain prolétarien est parfois populiste, imprégnée d'un désespoir naturaliste. Villa Oasis ou les faux Bourgeois, paru en 1932, suit Hélène, une femme qui s'installe avec sa mère qu'elle n'a pas connue. Cette dernière vit avec un ancien ouvrier devenu un opulent hôtelier. Dabit fait le portrait de ces "nouveaux riches", de leurs espoirs et leur déchéance.


page manuscrite
Actuellement, la librairie loliée propose : 

  • DABIT (Eugène). Villa Oasis ou les faux bourgeois. Paris, N.R.F., 1932, in-8, Bradel demi-veau écru, pièce de titre de maroquin lavallière, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés (Asper, Genève). Édition originale. Tirage à 331 exemplaires, celui-ci un des 109 réimposées au format in-4 tellière sur Lafuma-Navarre. Exemplaire enrichi d'un envoi, d'un dessin signé à l'encre de Chine et d'une page manuscrite.

05 mai 2011

Vrille : une prise de pouls surréaliste au lendemain de la seconde guerre mondiale

Revue surréaliste parue à la fin de la seconde guerre mondiale, Vrille ne compte qu'un seul numéro. Comme l'explique l'introduction "alibi", le but de cette revue, dirigée par Evrard de Rouvre (héritier d'une immense fortune issue de l'industrie du sucre, qui devint producteur de cinéma avant d'être assasiné en 1979 par son valet de chambre), est de réunir "des textes des illustrations trop peu connus d'un public endormi dans le brouillard grîsatre d'une propagande qui s'attachait à lui démontrer le néant des efforts des hommes qui, durant l'entre-deux guerres, ont tenté de lui ouvrir des horizons merveilleux. Mais "Vrille" s'est surtout attaché à renouer une tradition par-dessus ces quatre années d'obscurité en présentant des textes, jeunes témoins d'une époque bouleversante et de l'espoir de ceux qui ont trouvé, dans le Surréalisme, la force de contribuer à l'oeuvre de reconstruction de la pensée moderne."

On retrouve dans la revue, illustrée de nombreuses reproductions, des figures incourtounables du Surréalisme dont Oscar Dominguez qui signe la couverture illustrée. Parmi les textes, un bel ensemble de Robert Desnos, intitulé "Notes Calixto", dans lequel l'auteur revient sur les influences littéraires surréalistes, l'importance de Mallarmée, nous livre ses réflexions sur la poésie : 
La poésie se paye des mots et elle ne peut le faire autrement. Elle adopte aussi parfois (pas elle mais les faux poètes bien sûr) une attitude lâche devant les plus grandes questions : le bonheur, le devenir des hommes, la nature de l'être. La poésie est plus souvent conciliation que résolution. N'est-il pas possible de renouer les liens entre elle et la science?

Actuellement, la librairie Loliée propose : 

  • [REVUE]. Vrille. La Peinture et la littérature libre. Mantes, s.é., 1945, in-4, broché, couverture rempliée illustrée par Oscar Dominguez. Edition courante. Textes de G. Bataille, E. de Rouvre, R. Desnos, G. Hugnet, H. Michaux etc. Illustrations en noir en en couleurs. de Dominguez, Ernst, Brielle, Picasso, Dali, Tanguy, Chirico...

18 avril 2011

Catalogue 2011

La Librairie Loliée vous invite à télécharger son nouveau catalogue :

catalogue 2011

07 avril 2011

La littérature légère de Daisy Fellowes

Daisy Fellowes (1890-1962), héritière de la fortune de machines à coudre Singer, est une des imposantes figures de la femme glamour, élégante et élitiste du 20eme siècle. Mariée à 20 ans avec le prince de Broglie, elle perd son époux en 1918 et se remarie l'année suivante avec Reginald Fellowes, banquier et cousin de Winston Churchill. Reine en son milieu, Daisy Fellowes a le sadisme mondain et le goût sûr des femmes séduisantes et fortunées. Si elle reste un mythe de la mode (elle fut en 1933 rédactrice de Harper's Bazaar France), ses talents d'écrivain n'ont pas eu la même gloire. Son roman le plus connu, Les Dimanches de la Comtesse de Narbonne, relate les aventures légères d'une jeune femme Germaine, employée de maison, et du banquier Sylvestre Narbonneau, directeur du Crédit du Sud-Ouest. Le style, délibérément humoristique et suranné, fait sourire. Ainsi se cloît le premier chapitre qui marque la rencontre des deux personnages :
Elle [Germaine] s'endormit vite et fit un beau rêve. Sylvestre Narbonneau lui apparût sous les traits d'un cygne noir qui planait au-dessus d'elle, en secouant ses plumes d'où tombait une pluie de pièces de cinquante centimes en or.
Les illustrations de Vertès, qui accompagnent la publication des Editions de France de1935, raisonnent à merveille avec la tonalité de ce récit "à la mode".

Actuellement, la librairie propose :
  • Vertès (Marcel) - Fellowes (Daisy). Les Dimanches de la Comtesse de Narbonne. Paris, Éditions de France, 1935, in-4, broché, couverture illustrée. Édition ornée d’illustrations en noir par Vertès. Exemplaire sur vélin.

24 mars 2011

Le surréalisme, même : la revue surréaliste d'après-guerre



Publié par la librairie Jean-Jacques Pauvert  partir d'octobre 1956 jusqu'au printemps 1959, Le Surréalisme, même constitue une des revues majeures surréalistes de l'après-guerre. André Breton cherche à donner une nouvelle impuslion au mouvement et rassemble différentes générations de surréalistes ou fait appel à des proches du mouvement (ainsi Pierre Molinier, connu pour ses photo-montages  réalise la couverture de numéro 2).
Le titre de cette revue qui ne comptera que 5 numéros - ce qui en fait d'ailleurs sa rareté, est une allusion au projet pictural de Marcel Duchamp, "La Mariée mises à nu par ses célibataires, même" (lire une description du projet ici). A noter que la première parution  contient un supplément :  Les Détraqués de P.L. Palau, une pièce qui fascinait Breton et à laquelle il consacre plusieurs pages dans Nadja (le sujet ne pouvait que séduire le fondateur du mouvement : une institutrice morphinomane, sujette à des crises de folie meurtrière et de perversion sexuelle, sévit dans un collège de jeunes filles bien sous tous rapports.)


Actuellement, la librairie Loliée propose :

  • [REVUE]. Le Surréalisme, même. n° 1 (octobre 1956) à n° 5 (Printemps 1959). Paris, Librairie Jean-Jacques Pauvert,  5 volumes in-8 carré, brochés, couvertures illustrées. Collection complète de cette revue surréaliste majeure de l'après-guerre dirigée par André Breton.

03 mars 2011

La dernière Fleur de James Thurber

James Thurber (1835-1910), auteur et dessinateur, fut de 1927 à 1933 le secrétaire de rédaction du célèbre magazine The New Yorker. Il est connu pour ses articles et dessins humoristiques et absurdes. Dans La Dernière Fleur, traduit par Albert Camus et paru chez Gallimard en 1952, James Thurber nous invite à suivre une drôle d'aventure, une "parabole en images", sous-titre de l'édition française, des plus parlantes :
Nous sommes aux lendemains de la 12eme guerre mondiale. Il n'y plus traces de civilisation (habitats, musées, oeuvres d'arts, jardins, tout a été détruit). Les hommes sont désormais inférieurs aux animaux et restent là à ne rien faire. Un jour, une jeune femme découvre la dernière fleur au monde et constate qu'elle est mourante. Elle prévient les autres et seul un homme prête attention à son inquiétude. Ils prennent ensemble soin de la plante. La nature fait son oeuvre, grâce à l'intervention d'une petite abeille, et bientôt une autre fleur germe, puis une autre, puis une autre... La jeune fille et l'homme apprennent à se découvrir. L'amour renaît sur terre. Les genérations suivantes réinventent une civilisation : logis, arts refleurissent mais aussi les disputes. La guerre finit par éclater de nouveau, ne laissant rien derrière elle si ce n'est une jeune femme, un homme et une fleur...

Actuellement, La librairie Loliée propose :

  • [CAMUS (Albert)] THURBER (James). La Dernière Fleur. Paris, Gallimard, 1952, in-4 oblong, reliure cartonnée d'éditeur rouge illustrée. Edition originale française. Pages encadrées d'une bordure vert pâle mettant en valeur le noir et blanc du texte et des illustrations.

17 février 2011

"Voyage en Orient" de G. de Nerval : genèse d'une parution

J.-P. Girault de Prangey - Bords du Nil - Daguerréotype © BNF
Dans Voyage en Orient, Gérard de Nerval (1808-1855) a réuni dix années d'expériences, de lectures et d'impressions. En 1842, après une première crise de nerfs attestée et un amour contrarié, Nerval entreprend donc ce voyage et souhaite donner l'impression d'une entreprise sérieuse. Il s'adjoint les service d'un égyptologue, Th. de Fondrède. Il emporte un complet matériel d'explorateur, des produits pour daguerréotype et des livres pour apprendre l'arabe. Son parcours l’emmène à visiter, entre autres, Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte. Nerval ne déflore son manuscrit que dans de rares articles et maintient sa bourse en écrivant des feuilletons de théâtre. Du 1er mai 1846 au 15 octobre 1847 paraissent dans la célèbre  Revue Des Deux Mondes les Scènes de la vie orientale. Le texte est repris par Sartorius qui publie en 1848 une première partie avec pour sous-titre "Les Femmes du Caire" et une seconde partie, en 1850,  "Les Femmes du Liban". 
En 1851, Nerval passe un contrat avec l'éditeur Charpentier : Voyage en Orient comprendra le texte publié dans la Revue des deux mondes, la double édition de Sartorius, une version augmentée des "Les Nuits de Ramazan" parue dans la revue Le National, et un ajout de onze chapitres aux "Femmes du Caire". S'ensuivent d'autres variantes et adjonctions, notamment dans "les Pyramides" et "L'Histoire de la reine du matin et de Soliman, prince des génies". C'est ainsi, après moults remaniements que naît  Voyage en Orient, son oeuvre la plus aboutie, et qui rend compte de la nature poétique, symboliste et mystique de Nerval. 
(sources : Bibliographie des oeuvres de G. de Nerval par A. Marie, Guide du Biibliophile par M. Clouzot, Larousse).

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • NERVAL  (Gérard de). Voyage en Orient. Paris, Charpentier, 1851, deux volumes in-12, demi-basane noir, dos à nerfs ornés de fleurons (reliure d'époque). Edition en partie originale. 

10 février 2011

Léon-Paul Fargue, parisien dans l'âme

Léon-Paul Fargue (1876-1947), fils d'une couturière et d'un ingénieur qui ne le reconnut qu'à l'adolescence, fut l'élève de Mallarmé dont il fréquentera plus tard le salon littéraire, et eut parmi ses camarades au lycée Henri IV, Alfred Jarry dont il fut très proche. Beau jeune homme, il mène à la manière d'un Baudelaire une vie de bohème, apprécié pour son humour et son sens de l'observation. Son premier recueil Poèmes, paru en 1905, dénote sa virtuosité et aussi sa gravité (la reconnaissance tardive de  son père puis son décès le marqueront profondément). En 1911, est publié Tancrède, un roman poétique écrit des années plus tôt. Fargue, réformé, ne fait pas la guerre de 1914-1918. Il se rapproche des Surréalistes sans rejoindre le groupe. Il fonde avec P. Valéry et V. Larbaud la revue littéraire Commerce. Parisien dans l'âme, il écrit également des chroniques sur la capitale.  En 1941 paraît Haute Solitude, un de ses plus beaux textes, dans lequel l'auteur dépeint une solitude oppressante noyée dans l'alcool : 
Toute cette vie vécue, éparpillée, fondue, qui se retourne quand je me retourne, qui se baisse quand je me baisse, qui s’endort quand je m’endors. Je la revois souvent, souvent, je la reçois comme un élancement, et je m’y perds, comblé d’espérances instantanées qui m’assaillent et me quittent. 
En 1935, Fargue épouse Chériane, une artiste peintre, qui s'occupera de lui lorsque, en 1943, il est frappé d'hémiplégie. Fargue ne cesse pas d'écrire. Méandres publié un an avant sa mort, raconte avec une verve lyrique et pittoresque  le Paris des années 20 et de la Libération. 
(sources : wikipedia, association Léon-Paul Fargue)

Actuellement, la librairie Loliée propose les éditions originales suivantes de L.-P. Fargue :

  • Haute Solitude. Paris, Éditions Emile-Paul Frères, collection l’Émilienne 1941, in-12, broché. Un des 20 exemplaires sur Hollande.
  • Pour la musique. Tancrède suivie de Ludions. Paris, Gallimard collection « Métamorphoses », 1943, in-12, broché. Un des 2200 exemplaires sur Châtaignier. Exemplaire enrichi d’un bel envoi autographe signé de l’auteur à l’écrivain et critique Maurice Saillet, « Satrape » du Collège de Pataphysique. Annotations de la main de Saillet in texte. Bien complet du bandeau d’éditeur.
  • Méandres. Genève - Paris - Montréal, Éditions du Milieu du Monde, 1946, in-12, demi-maroquin tabac, dos lisse, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés. Tirage à 145 exemplaires, celui-ci un des 130 sur volumineux blanc spécial.
  • Dîners de Lune. Paris, Gallimard, 1952, in-12, broché. Un des 25 premiers exemplaires sur Hollande. 
  • Pour La Peinture. Paris, Gallimard, 1955, in-12, broché. Un des 25 premiers exemplaires sur Hollande. 

03 février 2011

Di Rosa est libre, dixit Ben

Hervé Di Rosa, né en 1959 à Sète, fut avec son frère Richard Di Rosa, François Boisrond, Rémi Blanchard et Robert Combas l'un des principaux artisans du mouvement français de la « Figuration libre », renouveau de la peinture dans les années 1980, une peinture décomplexée empruntant souvent à la BD, au rock et au graffiti. Dans une monographie humoristique, parue en 1983 et limité à 120 exemplaires, Ben signe une préface dans l'esprit de l'époque :
Di Rosa est libre
- de bander le emrcredi à 11h30
- de dire à un marchand "dégage mon petit tu me fais de l'ombre"
- de crier : je suis riche après avoir vendu sa première toile
- de copier ses copieurs
- de pisser sur un mur de galerie
- de boire un verre de lait à la grenadine
- de dire "je suis Mandrax et vous allez voir ce que vous allez voir
- d'aimer les films qui font peur
- de vivre à poil dans une chaufferie à mazout
Mais, Di Rosa n'est pas libre de ne pas rougir si une jeune fille lui dit
je t'aime

Actuellement la librairie Loliée propose : 

  • [DI ROSA (Hervé)]. Di Rosa. Préface de Ben. Photos Louis Jammes. Paris, Le Dernier Terrain Vague, 1983, in-4, reliure toilée rouge d’éditeur. Édition originale comprenant un cahier de 8 pages imprimé en sérigraphie et complété par des dessins originaux en couleurs de Hervé Di Rosa et des estampillages des linogravures. Tirage limité à 120 exemplaires numérotés et signés par l’artiste.  
(source : wikipedia)

27 janvier 2011

René Boylesve conteur

René Tardivaux (1867-1926) dit René Boylesve est un romancier resté aujourd'hui dans l'ombre alors que sa production et la reconnaissance de ses pairs (il est élu à l'Acdémie Française en 1908), le place parmi les écrivains importants de la fin du 19e / début du 20e siècle. La Biographie des auteurs moderne de langue française, dit le "Talvart" du nom de son auteur et ouvrage de référence en matière de bibliophilie, précise :
Romancier de la vie de province, c'est avec un art délicat, tout de souplesse et de nuances, qu'il a fixé dans des tableaux charmants, mélancoliques, traités en grisaille, certains types, certains aspects d'existences provinciales et bourgeoises ; qu'il a dévoilé des âmes tendres et passionnées que leurs dehors simples semblaient écarter du romanesque et dont il est devenu le pastelliste minutieux. 
Comme certains de ses confrères, René Boylesve a également composer des fantaisies libertines, dans l'esprit du XVIIIe siècle, se faisant conteur de récit  divertissants qui n'en garde pas moins l'emprunte de sa sensibilité. Le Carrosse aux deux lézards verts, dont le titre seul évoque la légèreté du propos, paraît en 1921 avec, chose rare pour une édition originale, des compositions rehaussées à l'aquarelle par George Barbier, illustrateur Art Déco alors au faîte de sa gloire.

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • BARBIER (George) - BOYLESVE (René). Le Carosse aux deux lézards verts. Conte de Fées. Orné d’aquarelles de George Barbier. Paris, Éditions de la Guirlande, 1921, in-4, demi-basane maroquinée grise à coins, dos à nerfs ornée de motifs et fleurons dorés, tête dorée, non rogné, premier plat illustré de la couverture conservé (Flammarion). Édition originale ornée de 52 dessins et vignettes rehaussés à l’aquarelle et de 8 hors-texte gravés et exécutés à l’aquarelle par George Barbier. Tirage limité à 300 exemplaires. Un des 25 premiers exemplaires sur Japon, enrichi d’une dédicace au critique littéraire et essayiste Gonzague Truc (1877-1972).

20 janvier 2011

"Les Ziaux" de Raymond Queneau dédicacé à Maurice Blanchot

Les Ziaux est le second recueil de poésie de Raymond Queneau publié en 1943 chez Gallimard, maison d'édition où il est entré en 1938 d'abord comme lecteur, traducteur puis membre du Comité de lecture. L'ouvrage que propose la librairie Loliée est un exemplaire du service de presse qui porte un envoi à l'écrivain Maurice Blanchot. Ce dernier entre chez Gallimard par l'entremise de Jean Paulhan et il y publie son premier roman en 1941, Thomas l'obscur, un texte sombre et abstrait. Les deux auteurs ont une fascination pour la littérature, sa mécanique et partagent un même goût pour la philosophie. ils ont aussi pour amie commun Michel Leiris. Ils se retrouvaient également chez Georges Bataille qui réunissait ses contemporains pour nourrir les réflexions de son collège de sociologie. 

Pour en revenir au Ziaux, le travail de Queneau sur les phonèmes et le langage est emprunt d'une teinte ludique caractéristique de son talent. La petite aube devient « la microaube » et « quand le soir meurt, la toute petite crêpe...la crépuscule ». Ci-après le poème qui donne son titre au recueil.
LES ZIAUX 
les eaux bruns, les eaux noirs, les eaux de merveille
les eaux de mer, d'océan, les eaux d'étincelles
nuitent le jour, jurent la nuit
chants de dimanche à samedi 
les yeux vertes, les yeux bleues, les yeux de succelle
les yeux de passante au cours de la vie
les yeux noirs, yeux d'estanchelle
silencent les mots, ouatent le bruit 
eau de ces yeux penché sur tout miroir
gouttes secrets au bord des veilles
tout miroir, tout veille en ces ziaux bleues ou vertes
les ziaux bruns, les ziaux noirs, les ziaux de merveille
Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • QUENEAU (Raymond). Les Ziaux. Paris, Gallimard, collection « Métamorphoses », 1943, in8, rim vert bronze, pièce d’anilou rivetée sur le premier plat portant la mention « souscription n°2 », dos de box beige portant en long le nom de l’auteur et le titre en lettres rouge,  non rogné, couverture et dos conservés (J. de Gonet 8/200). Édition originale. Exemplaire S.P. sur papier de châtaignier, enrichi d’un envoi autographe signé de l’auteur : à Maurice Blanchot / « Mais qui voit ? Qui entend ? Qui parle ? »  / amical hommage / Queneau

14 janvier 2011

Pierre Loti : la douce amertume du marin voyageur

Julien Viaud alias Pierre Loti (1850-1923), né à Rochefort, est issu d'une famille protestante. Attiré par la mer, il décide à treize ans de partir voguer sur les océans, comme son frêre aîné, Gustave, chirurgien de marine. Deux ans plus tard, Gustave meurt dans le détroit de Malacca. La famille Viaud connaît alors de graves difficultés financières. En 1866, Julien part à Paris pour préparer le concours d'entrée à l'école Navale. Brillant élève, il est reçu en 1867 puis admis sur le Borda, vaisseau école en rade de Brest. Deux ans plus tard, nommé aspirant, il embarque sur le Jean Bart. Ses voyages le conduisent en Algérie, zn Turquie, au Brésil, en Orient, aux États-Unis et au Canada...
Des pays qu'il aura visités, Loti montre une affection particulière pour Tahiti dont Gustave fut le premier photographe. C'est là qu'il trouvera son pseudonyme d'auteur, Loti, du nom d'une fleur tropicale. A Constantinople, il vivra une passion tragique avec Hatice appartenant au harem d'un dignitaire local. En Orient, il signera un contrat de mariage avec une jeune japonais, surnommée Madame Chrysanthème, histoire relatée dans le roman éponyme paru en 1887. C'est son premier grand succès, après Pêcheur d'Islande. La même année, de retour en France, il épouse la fille d'une famille de notables bordelais qui lui donnera un premier fils. Il aura, quelques années plus tard, une autre descendance avec Crucita, une basque. En 1891, il est élu à L'Académie Française, contre Emile Zola.
Auteur à succès, Loti transmet avec délicatesse et simplicité ses impressions de voyageur. Mais au-delà de la dimension plaisante de son oeuvre, surgit toujours une forme de tristesse, une angoisse qui fait de lui bien plus qu'un simple auteur de romans exotiques. L'homme en lui-même est plus complexe, sulfureuse, que ne laisse paraître sa biographie. Il aime aussi, d'après les allusions de ses contemporains, les hommes. Son apparence physique laisse poindre l’ambiguïté du personnage. Ainsi, le décrit Gabriel-Louis Pringué lorsqu'il le croise en 1913 lors d'un déjeuner chez la princesse Alice de Monaco au château de Haut-Buisson (in 30 ans de dîners en ville, éd. Revue Adam, 1948, p.136)
Loti avait la figure fardée de rose et portait pour se grandir des talons échasses. Dans son étrange visage luisaient des yeux admirables couleur d'aigue-marine, d'une profondeur mystérieuse voilée d'inquiétude. Ce regard lointain, comme perdu dans un rêve, était troublant. Il parlait peu, mais quand il narrait, il le faisait avec la poésie colorée, inimitable qui rappelait ses livres prestigieux dont le charme appartient à l'éternité.
(source : Wikipédia)

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • LOTI (Pierre). La Mort de Philae. Paris, Calmann-Lévy, s.d. [1908], in-12, demi-maroquin lavallière, plats marqués d’un double filet à froid, dos à quatre nerfs, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés (Léon Lapersonne). Édition originale. Exemplaire enrichi sur la page de faux-titre d’un envoi autographe à l’encre bleue signé de l’auteur au peinte et écrivain Georges Cain (1856-1919).
  • LOTI (Pierre). Correspondance inédite. 1865-1904. Publié par sa nièce Madame Nadine Duvignau et N. Serban, professeur à la faculté de Jassy. Paris, Calmann-Lévy, 1929, in-12, demi-chagrin lavallière à coins, dos lisse, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés. Édition originale. Un des 25 premiers  exemplaires sur papier impérial du Japon. 
  • FOUJITA - LOTI (Pierre). Madame Chrysanthème. Soixante illustrations originales en couleurs de Foujita. Paris, Éditions Excelsior, 1926, fort in-4, broché. Édition de luxe, ornée de 60 illustrations en couleurs de Foujita, dont un frontispice et 15 hors-texte, les autres contrecollées dans le texte. Un des 425 exemplaires sur Arches.

06 janvier 2011

50 gravures de Zwy Milshtein

Peu connu du grand public, Zwy Milshtein est un peintre, graveur et écrivain qui, à plus de 75 ans, a produit une oeuvre abondante et étonnante. Né en 1934 en Moldavie, il part vivre en Israël en 1947 avec sa mère et son frère, puis s'installe à Paris en 1956 après avoir obtenu une bourse d'études. "Je considère ma peinture comme une peinture expressionniste avec l'influence des peintres comme Bosch, Brueghel, Goya et Soutine" précise-t-il.
La Librairie propose, dans une reliure de Miguet, un ensemble de 50 gravures en noir, montées sur onglets, toutes numérotées et signées par l'artiste. Pour beaucoup, des visages ou des silhouettes qui se rejoignent sur fond de décor citadin.
A consulter : le site de l'artiste.



Actuellement la librairie Loliée propose :
  • MILSHTEIN (Zwy). 50 gravures. In-16 carré, 50 gravures montées sur onglets, plein maroquin janséniste vieux rose, dos lisse, tête dorée, chemise, étui (J.P. Miguet, non signé). Exemplaire unique regroupant un choix de 50 gravures toutes numérotées et signées de Milshtein.